La plongée enfant
La plongée pour enfants est une activité spécifique. Elle se place dans la continuité de l’initiation des jeunes enfants à l’eau, connue sous le nom de bébés-nageurs. Avec les enfants, il faut tout réinventer. Oubliées la profondeur, les brevets, les gestes techniques obligatoires, les exercices rébarbatifs, le poids du matériel. En effet, il ne suffit pas d’abaisser l’âge à partir duquel on enseigne la plongée aux enfants. En rester là provoque de cruelles désillusions. Les moniteurs doivent se remettre complètement en cause, épreuve souvent délicate. En effet, on ne peut pas se défaire facilement d’habitudes profondément ancrées. Il faut un certain temps pour se risquer sur un terrain neuf non balisé. Plutôt que de plongée pour enfants, nous parlons d’activités subaquatiques éducatives : elles comprennent aussi bien la plongée libre, la plongée avec scaphandre que toutes les animations éducatives, ludiques, culturelles et scientifiques qu’on peut leur associer. - Les objectifs de la plongée pour enfants Les enfants qui veulent faire de la plongée s’intéressent avant tout à la vie marine : dauphins, baleines, récifs coralliens. Les moniteurs de plongée doivent leur apporter un contenu éducatif adapté à leurs désirs. Il s’agit de s’appuyer sur ce goût pour leur donner des bases solides sur l’environnement marin et les responsabiliser sur la gestion des océans. La plongée est un excellent tremplin pour l’apprentissage de la vie marine à l’aide de disciplines artistiques et scientifiques. Pas de cadre rigide : l’imagination est au pouvoir pourvu qu’elle produise des moyens de motiver les enfants. - Les méthodes pédagogiques Tous les enfants qui veulent faire de la plongée sont passionnés par l’eau. Mais il faut transformer cet engouement en apprentissage efficace… dans la bonne humeur. Les jeux constituent donc les bases de l’enseignement aux enfants, avec quelques règles simples, sur la base d’un respect mutuel. On n’abordera pas l’enseignement technique de la plongée avant d’avoir inculqué les bases de la maîtrise de l’eau : équilibre, ventilation, propulsion. Il faut surtout proposer une progression adaptée à l’âge des enfants. Une pédagogie des sensations et du vécu permet de suivre de près progression et réticences des enfants. - L’âge Il n’y a pas d’âge minimal pour débuter l’activité. Les règles de bon sens liées aux conditions pratiques de matériel et de température d’eau amènent à conseiller les débuts à partir de 6 ans dans les eaux européennes ou dans des bassins artificiels. Mais dans les lagons tropicaux, rien n’interdit à un enfant plus jeune de faire ses premières tentatives avec du matériel adapté. Pour les plus jeunes, il ne s’agit pas de descendre profond et de rester longtemps sous l’eau : de simples prises d’air à partir d’une bouteille qui reste en surface représentent souvent la première initiation. - Le matériel Il est fondamental de proposer aux enfants du matériel de bonne qualité adapté à leur morphologie. Donc pas de bricolage, pas de matériel d’adulte non plus. Les palmes chaussantes favorisent une bonne tenue du pied. Des palmes à sangles réglables nuiraient à l’apprentissage du palmage. Un masque bien adapté au visage est essentiel . En effet un enfant aura des difficultés avec un masque qui prend l’eau. Il faut également accorder un grand soin au choix du tuba : l’enfant rejette d’ailleurs immédiatement un tuba trop grand ou à trop grande section. La combinaison isothermique doit, avant toute chose, être à la taille de l’enfant. Il faut impérativement l’essayer au préalable. Il ne faut pas hésiter si nécessaire à prendre le pantalon dans une taille et la vareuse dans une autre. Les gants et les bottillons peuvent s’avérer nécessaires en fonction de la température de l’eau. On peut parfaitement utiliser des équipements destinés à d’autres usages : chaussettes, gants. Attention à choisir la pointure des palmes en fonction des bottillons. Les enfants jusqu’à 10 ans environ ont une taille très peu marquée. La ceinture de plombs en coton ou en nylon chargée de 3 ou 4 kg en moyenne glisse facilement jusqu’aux palmes. La solution réside dans une ceinture élastique disponible sur le marché. Il existe des bouteilles de capacités variées adaptées à toutes les morphologies : 2 litres, 4 litres, 6 litres, 9 litres. En pratique, l’enfant doit être capable de soulever sa bouteille ; celle-ci ne doit pas descendre plus bas que les fesses quand elle est sur son dos. L’intérêt du gilet stabilisateur n’est plus à prouver : c’est un outil incomparable de confort et de sécurité. Il en existe plusieurs modèles de petite taille ; certains ont même été conçus spécifiquement pour les enfants. Bien sûr, au début, c’est le moniteur qui le manipule. - La réglementation Il n’existe pas de réglementation spécifique à la plongée pour les enfants. La réglementation habituelle de la plongée s’applique donc : il faut retenir les règles qui s’appliquent aux débutants, voire aux plongeurs de niveau 1 pour les plus grands. En milieu naturel, le moniteur doit donc posséder au minimum le niveau 1 d’encadrement ou le niveau 4 de plongeur. Le directeur de plongée doit posséder le niveau 3 d’encadrement ou le niveau 5 de plongeur ; en milieu artificiel, le niveau 1 d’encadrement. Il est clair qu’un moniteur doit accompagner un seul enfant à la fois en plongée avec bouteilles ou double détendeur si l’enfant est jeune et débutant. - Les règles de sécurité Devant l’absence de réglementation spécifique, des moniteurs ont proposé des règles de profondeurs et de durée à ne pas dépasser en fonction de l’âge de l’enfant. Ces conseils varient d’un auteur à l’autre. Si on parle d’un mètre par année d’âge dans les eaux tropicales, on donne plutôt les chiffres suivants dans les eaux européennes (Jean-Jacques Gauthier, L’enfant et la plongée, Amphora :
- Les structures Il existe des structures variées qui accueillent les enfants pour leur enseigner et leur faire pratiquer la plongée : Certains centres de vacances proposent des stages de plongée : ils sont soit ouverts à tous les enfants ou adolescents à partir d’un certain âge soit réservés aux enfants des salariés d’une société dans le cadre d’un comité d’entreprise. Enfin, il existe des structures privées qui peuvent prendre en charge les enfants. Il peut s’agir de cours particuliers ou de cours en groupes. 300 structures environ offrent l’enseignement et la pratique de la plongée aux enfants en France. Elles regroupent des réalités très variées. À côté de structures solides qui font du bon travail, beaucoup d’autres offrent des prestations médiocres voire dangereuses qu’il faut rejeter. Certains clubs côtiers mal organisés acceptent tous les clients, même les plus jeunes, mais ne peuvent assurer une prestation de qualité par manque d’engagement et devant l’affluence de l’été. En dehors de la France, les possibilités sont plus réduites. En Belgique il existe quelques clubs associatifs et scolaires. L’intérêt se développe aussi en Suisse. Les structures sont fort peu nombreuses dans les autres pays. - Le contrôle médical Le contrôle médical de plongée pour enfants prend en compte à la fois l’aspect propre à la plongée et les composantes liées à l’enfant qui fait du sport. En pratique on s’attache plus particulièrement à l’appareil ORL, à l’appareil cardio-vasculaire, aux risques d’asthme. Le médecin se renseigne sur les antécédents de l’enfant et vérifie sa motivation réelle. Il est maintenant établi que des enfants qui plongent dans des structures adaptées ne courent pas de risque particulier pour leur santé. En pratique, il faut rester très vigilant sur leur capacité à compenser correctement leurs oreilles et sur leur résistance au froid. Sur ce dernier point, il faut en tenir compte dans le choix de la combinaison isothermique ainsi que dans les procédures d’équipement et de rhabillage. |